Non, ce n'est pas un énième topic pour parler de Deep Purple, mais bien de sa carrière solo.
Bref, un p'tit topo sur sa carrière solo riche et féconde, nettement plus orientée "groupe" et moins "one-man band" que son collègue Ritchie Blackmore.
Ian Gillan s'est lancé dans une carrière solo en tout point brillante, divisée en plusieurs périodes sur lesquelles il a touché à tout.
1ère période : Ian Gillan Band (1974 - 1978)
Ian Gillan sortira 3 albums à cette époque : Child in time, Clear air turbulence et Scarabus + un album live (Live at Budokan).
Ian Gillan et son groupe était très créatif, n'hésitant pas à mélanger rock progressif, jazz et un peu de heavy metal quand même.
Cette période n'est pas toujours très appréciée des fans de Deep Purple, car elle est assez spéciale, très expérimentale.
Voilà un aperçu de ses différents albums :
CHILD IN TIME (1975)
Pas très original comme titre, Child in time est un peu la suite logique du décrié Who do we think we are de Deep Purple, en plus rythmé, plus rock et en plus jazzy toutefois. C'est juste un bon album, avec du bon rock et de bonnes ballades.
Y'a une reprise de Child in time aussi, mais la musique a été totalement modifié. C'est repris façon ballade guimauve ici. Seules les lignes de chant demeurent identiques. J'aime pas trop cette version d'ailleurs, celle de Deep Purple était de toute façon intouchable !!!
CLEAR AIR TURBULENCE (1976)
Là les choses sérieuses commencent. Clear air turbulence est le plus expérimental de tous, très influencé par le jazz. Et le rock progressif aussi.
Un album très technique, Ian Gillan utilise une voix très rauque dessus en adéquation avec les rythmiques syncopées de la section basse-batterie. Sa voix peut être vue comme un instrument supplémentaire contribuant au rythme, plus que comme un véritable chant.
Faut être dans le trip, moi je sais qu'il y a des passages sublimes là dedans, même si certains solos de claviers façon "musique d'ascenseur" (très prog donc ) ou de guitares me laissent de marbre.
Ca n'empêche pas que les chansons sont très énergiques, très rythmées ! C'est différent de Deep Purple, ça a dérouté de nombreux fans, mais c'est pas inintéressant pour autant, loin s'en faut.
SCARABUS (1977)
Moins complexe, plus accessible et plus rock que Clear air turbulence, Scarabus se veut rassurant. Les musiciens se sont bien calmés dans les délires techniques, et des chansons comme Twin Exhausted ou Mercury High possèdent un groove formidable, ça dépote à fond, place à l'essentiel un excellent disque.
LIVE AT THE BUDOKAN (1978)
Pour cloturer cette 1ère période sort ce double live enregistré au Japon... hé oui, la musique hyper speedé du Ian Gillan Band ne pouvait que plaire aux japonais.
Ce live ne restera pas dans les annales comme un Made in Japan, mais il n'en reste pas moins intéressant.
Certains solos à rallonge de claviers et de guitares sont parfois ennuyeux, mais globalement l'énergie est bien présente. Et les reprises de Deep Purple sont géniales (à part Child in time)... Smoke on the water et Woman from Tokyo repris de façon jazzy, ça vaut le coup !!!
2ème période : Gillan (1978 - 1982)
Après le live, Ian Gillan abandonnera l'idée de devenir un chanteur de jazz et il choisira de complètement modifier son line up.
Ne restera que le claviériste Colin Towns, ce dernier (bien aidé par le gros bassiste chauve et barbu John McCoy) a poussé Ian Gillan à revenir à ses racines heavy metal et rock.
S'en suivra 5 albums, c'est ma période préférée de toute la carrière solo de Ian Gillan et pour tout dire, ces albums là surpassent sans problème ceux de Deep Purple depuis la reformation de 1984.
De toutes les carrières solos qui ont émergé après le split de Deep Purple en 1977, Gillan (le groupe) est celui qui s'inscrit le plus dans la continuité du Deep Purple mark 2, bien plus que Rainbow.
MR UNIVERSE (1979)
Mr Universe : Un classique du hard rock.
Gillan bénéficie à la fois de la maturité des vétérans du hard rock et rivalise d'intensité avec les jeunes groupes de la New Wave Of British Heavy Metal.
Mais alors que la plupart des groupes de heavy metal offraient bien souvent des albums linéaires, Gillan n'hésitait pas à toucher à tout sur ses albums : rock, blues, rock progressif, heavy, pop, FM, etc...
Glory Road présente le meilleur line-up de Gillan : un guitariste punk (Bernie Tormé), un claviériste branché jazz et des vieilles brutes pour la section basse - batterie, le tout dirigé par Ian Gillan. Avec autant de personnalités différentes, ce mélange ne pouvait donner que du bon.
A noter que le sublime Fighting Man (qui a été rapidement comparé à Child in time, pour les cris aigues en clin d'oeil) avait été composé par Colin Towns pour le Ian Gillan Band.
Mais les musiciens de l'époque, trop jazzy-pédants, n'en voulaient pas, et cela a agacé Ian Gillan qui, lui, trouvait ce morceau génial. Ils l'ont donc mis de côté et ressorti plus tard.
GLORY ROAD (1980)
Avec Bernie Tormé à la guitare (qualifié de guitar-hero punk... !!!), Gillan continue d'exceller dans un heavy rock moderne et sévèrement burné (certains titres comme Unchain your brain sont presque aussi speed que du Motörhead)
Aussi bon que Mr Universe, peut être même plus agressif encore vu que Bernie Tormé et John McCoy ont composé dessus.
Des liens parfois évidents avec Deep Purple mark 2 (Sleeping on the job). Indispensable !
FUTURE SHOCK (1981)
Gillan était hyper productif et il arrivera bien un moment où un léger manque d'inspiration se fera sentir. Future Shock n'apporte rien de nouveau par rapport aux 2 albums précédents, les titres speeds ne sont pas toujours très inspirés.
Gillan est en roue libre, mais ça n'empêche pas Future Shock d'être un bon album, avec des moments jouissifs (la reprise du standard rock 'n' roll New Orleans ou la superbe ballade If I sing softly).
Cette redite finira par lasser le guitariste Bernie Tormé qui quittera le groupe et se lancera dans une carrière solo (son 1er album solo, Turn out the lights, dans la lignée du style de Gillan, en plus punk, vaut le détour !!!).
DOUBLE TROUBLE (1981)
Bernie Tormé est remplacé au pied-levé par... le désormais célèbre Janick Gers (ex White Spirit et futur Iron Maiden). Janick a lui aussi un style un peu "brouillon"qui colle à merveille au style de Gillan... mais peut-être moins au style plus technique d'Iron Maiden, c'est une autre histoire !!!
Tout juste sorti de son groupe White Spirit et déniché par John McCoy (qui avait produit l'album de White Spirit), Janick était à l'époque dans un pur trip "blackmorien".
Double Trouble est un album mi-live mi-studio ! La partie studio marque une évolution vers un style plus édulcorée, teintés de FM par moments (mais pas autant que le Rainbow période Joe Lynn Turner, heureusement), et ce bol d'air frais fait un bien fou à toute la troupe.
Ian Gillan hurle comme un possédé sur tout l'album, jamais il n'avait autant tiré sur les aigues.
On retrouve aussi un morceau de rock progressif de 10 minutes (Born to kill), et sans être le plus grand morceau prog de tous les temps, il mérite quand même d'étre écouté.
Quant à la partie live, elle est fantastique, elle rivalise sans problème en intensité avec Made in Japan de qui vous savez. Le groupe Gillan dégageait une puissance de feu à l'époque.
MAGIC (1982)
2ème et dernier album de Gillan avec Janick Gers, il voit le retour vers un style plus heavy que la partie studio de Double Trouble, tout en gardant une musique très colorée avec les claviers de Colin Towns.
Rien de bien nouveau est apporté ici, mais Gillan formait un vrai groupe où tout le monde pouvait participer ce qui permet de garder une grande cohésion et une certaine fraicheur à la musique du groupe.
Une reprise poignante de Stevie Wonder (Living for the city), du progressif (Demon driver) et 2 compos de Janick Gers, les plus heavy, comme par hasard (le speed What's the matter et son riff Blackmorien, ainsi que le très heavy Bluesy blue sea où on retrouve quelques plans que Janick utilisera plus tard sur... Fear is the key d'Iron Maiden). Pas le meilleur Gillan mais c'est quand même du bon.
L'aventure du groupe GILLAN se terminera mal !
Pour résumer, Ian Gillan est contraint d’annuler la fin de la tournée Magic à cause de ses problèmes de cordes vocales.
Donc pendant 9 mois, les autres musiciens sont priés de patienter, le temps que Ian Gillan récupère. Pour un groupe habitué à des tournées intensives et à sortir un album par an, devoir attendre neuf mois apparaît comme une éternité.
A ce moment-là, le groupe n’a toujours pas splitté officiellement.
Et même si une reformation de Deep Purple apparaît inévitable depuis plusieurs années, le succès des carrières respectives de chacun (Ritchie Blackmore et Roger Glover avec Rainbow, Jon Lord et Ian Paice avec Whitesnake) ne fait que la retarder.
Et lorsque les musiciens de Gillan apprendront quelques mois plus tard à travers la presse que Ian Gillan a rejoint Black Sabbath, sans jamais avoir été contacté directement, ils l’auront mauvaise, c’est le moins qu’on puisse dire. Ils essayeront même de continuer le groupe... sans Ian Gillan, mais ils ne trouveront jamais de remplaçant à la hauteur.
A l'heure actuelle, les anciens musiciens de Gillan font toujours la gueule à Ian Gillan, à part Janick Gers qui est resté en bon terme avec lui (il a d'ailleurs participé à Gillan's Inn, sorti l'année dernière, regroupant des vieux morceaux de Gillan en solo, remis au gout du jour).
Et la suite tout le monde la connaît : reformation de Deep Purple en 1984 avec Perfect Strangers...
3ème période : le retour de Ian Gillan en solo (1988 - 1992)
Après une p'tite récréation en 1987 sur l'album ACCIDENTALLY ON PURPOSE, sorti sous le nom GILLAN - GLOVER avec son ami Roger Glover, Ian Gillan finira par se faire virer de Deep Purple en 1988.
Accidentaly on purpose est un album rock au sens large, une parfait BO du club Med, à ne pas prendre au sérieux.
Une chanson est même apparue dans la BO du film Rainman !!!
1988, Ian Gillan est viré sans ménagement de Deep Purple et ses anciens collègues de l'époque ne seront pas très tendres envers lui, notamment à cause de ses mauvaises prestations scéniques. Un épisode douloureux sur lequel Deep Purple préfère ne pas trop s'attarder maintenant.
Livré à lui-même pour la seconde fois (la première étant après son départ de Deep Purple en 1973), Ian Gillan sortira 2 excellents albums solos (Naked Thunder et Toolbox). Il était même hors de question pour lui de réintégrer Deep Purple à l'époque.
NAKED THUNDER (1990)
Ian Gillan a encore de la voix et tient à le faire savoir ! Quand il n'est pas dans Deep Purple, ses performances vocales sont hallucinantes. Naked Thunder est un album de hard FM très sympa (à condition d'aimer le style), avec pas mal de claviers - synthés, énergique et bien écrit.
TOOLBOX (1991)
Alors là, changement de cap, Gillan se met au hard US (il n'y a quasiment pas de claviers sur ce disque). Sa maison de disque trouvait Naked Thunder trop FM, pas assez de guitares, donc Ian Gillan, vexé de cette remarque, a mis le paquet : place aux gros riffs juteux avec le guitariste Steve Morris.
Ian Gillan pousse ici ses hurlements les plus aiguës de toute sa carrière, quelle voix... on a du mal à croire que c'est le même chanteur qu'on retrouvera 2 ans plus tard sur le boursouflé The Battle Rages on.
Après une tournée pour Toolbox, retour chez Deep Purple.
Ian Gillan a également sorti un album solo en 2000, mais ne l'ayant jamais écouté (très mal distribué faut dire), je ne pourrais pas en parler.
Et Gillan's Inn en 2006, sorte d'album "best of" regroupant des vieux titres de sa carrière solo, rejoué avec des musiciens prestigieux façon "tribute album" (Satriani, Iommi, Paice, Morse et cie...).