Mince, Made In Japan est sorti l'an passé, et nous voilà l'année suivante avec un live d'Uriah Heep, issu de la tournée Magician's Birthday. Pas bien malin comme stratégie, on va encore les accuser de mimétisme envers Deep Purple !
Replaçons nous dans le contexte : ce live est considéré comme génial, mythique par les fans, il est possible qu'il ait représenté une bonne baffe pour ses heureux acquéreurs. Après, toujours dans ce même contexte, il suffit de se pencher sur les autres live sortis à la même époque. Voyons voir... Made In Japan (Deep Purple), Live Dates (Wishbone Ash), YesSongs (Yes), On Your Feet Or On Your Knees (Blue Öyster Cult) et j'en oublie, ça calme !
La sortie d'un album live était pourtant l'occasion rêvée pour
Uriah Heep de s'imposer définitivement comme une valeur sure. Il est même certain qu'avec un live exemplaire, le groupe aurait pu acquérir une toute autre réputation quand on sait l'importance que pouvait avoir ce genre d'exercice à l'époque. Seulement voilà, on se retrouve avec un live sympa, pas mal, mais qui supporte mal toute comparaison avec les albums cités plus haut (et bien d'autres encore). La concurrence était rude, acharnée, sans pitié !
Le son tout d'abord, plutôt moyen, avec les instruments parfois étouffés par moments, il ne met pas vraiment en valeur les qualités mélodiques d'Uriah Heep, ni son énergie sur scène. Et c'est justement là où le groupe se retrouve pris dans le piège de son propre style, il ne parvient pas à jongler habilement entre heavy, prog, pop et rock. Ce live n'a pas la puissance d'un Made in Japan ou On Your Feet Or On Your Knees, ni la grandeur d'un YesSongs et encore moins la finesse d'un Live Dates.
Aucune finesse, peu de puissance, c'est un comble, alors que reste-t-il ? Les classiques évidemment, même si là encore on aurait aimé pouvoir profiter des improvisations, totalement absentes ici, auxquelles se livraient
Uriah Heep dans ses concerts. A la place de ça, des interprétations banales de Easy Livin', Sweet Lorraine, Traveller In time, qui n'apportent pas grand chose.
Ca se veut heavy mais ça manque de couilles ! Ca se veut mélodique mais les guitares et les claviers n'ont aucune finesse !
Exemple illustré avec Tears In My Eyes, une vaste beauferie avec la guitare slide vulgaire de Ken Hensley. Peut-être qu'il aurait du laisser Mick Box le faire à sa place. Quoique pour ce dernier, il n'a jamais été un "guitar-hero" non plus. Y'a t-il un seul bon solo de guitare sur ce live ? Je veux dire, un solo qui atteindrait au moins la classe ou la virtuosité des albums live cités précédemment ? Vous connaissez la réponse.
Les meilleurs moments se situent à la fin, sur les faces 3 et 4 de ce double live pour être plus précis. Là enfin, le public se réveille pour un Gypsy haut en couleur, solos de batterie et de claviers à l'appui.
Uriah Heep est majestueux (Circle Of Hands) ou dynamique (Look At Yourself, Love Machine), mais la qualité du son, elle, reste inchangée malheureusement. Un Magician's Birthday honteusement écourté (quel intérêt de jouer juste ce passage ?) et un Rock 'n Roll Medley amusant pour finir, uniquement composé de reprises et qui sert de prétexte pour s'amuser avec les choeurs.
Mais je ne peux m'empêcher de penser qu'Uriah Heep n'est pas le groupe le mieux placé pour reprendre des standards du rock 'n' roll.
Alors, même si ce live est sorti durant la grande époque et avec le line up culte (d'où sa sur-estimation à mon avis), il existe de bien meilleurs live d'Uriah Heep comme Live In Europe 1979 avec John Lawton ou ceux sortis plus récemment avec Bernie Shaw.
Note : 3/5